Article
La représentation des femmes
dans le monde de la tech
Rédigé par Nina Jamet – Chargée de Marketing Actinvision
Chaque année les Nations Unies détermine une thématique à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Le thème de l’édition 2023 est : « Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes ». En ce jour de sensibilisation et de mobilisation, nous avons l’opportunité de réaliser un constat sur l’évolution de la représentation des femmes dans le monde de la technologie et de l’innovation.
Quelques chiffres
Selon le rapport Gros plan sur l’égalité des sexes 2022 de l’ONU « Un écart important entre les sexes persiste dans les technologies et l’innovation, malgré de récentes améliorations […] À l’échelle mondiale, les femmes n’occupent que 2 emplois sur 10 dans les sciences, l’ingénierie, les technologies de l’information et de la communication (TIC). » Nous pouvons également constater à travers le rapport que seulement 33% de la main-d’œuvre dans les 20 plus grandes entreprises technologiques mondiales en 2022 sont des femmes, et qu’une femme sur quatre occupe un poste de direction.
Autre chiffre intéressant « Les inventrices ne représentent que 16,5 pour cent des inventeurs inscrits sur les demandes internationales de brevet dans le monde. »
D’après le rapport Mc Kinsey , « Dans de nombreux secteurs, les données révèlent une nouvelle baisse décourageante et significative du pourcentage de femmes qui accèdent à des postes dans la technologie après l’obtention de leur diplôme. Seules 23 % des femmes diplômées des STEM [Science, Technology, Engineering et Mathematics] finissent par occuper des postes dans la technologie, contre 44 % des hommes. »
Le tableau ci-dessous montre d’ailleurs la répartition des femmes dans des fonctions techniques, telles que l’ingénierie, la science et l’analyse des données avec 30 %, l’IT Consulting avec 22%, ou encore DevOps et Cloud avec seulement 8%
Une autre étude, celle de Gender Scan , qui mesure l’évolution de la situation des femmes dans le secteur des technologies et du numérique en France, met en avant que « la proportion de femmes dans les emplois de technologie ne progresse pas et reste inférieur à 20% dans le numérique ». Et cela, alors que le nombre de diplômées a augmenté de 33% entre 2013 et 2019, au même titre que le nombre de postes disponibles qui a augmenté de 35% sur la même période. Ils rajoutent que « dans le secteur manufacturier de haute technologie, c’est encore pire. Le nombre de femmes a chuté de 14 % en France entre 2011 et 2019, alors qu’il a progressé de 13 % en Europe sur la même période. »
Source : Gender ScanTM
Toutes ces études démontrent que l’évolution du nombre de femmes stagne dans le domaine de la tech, un domaine qui est paradoxalement en constante évolution et à forte croissance, ce qui nous interroge indéniablement sur l’origine de ces chiffres.
Pourquoi les femmes sont-elles sous-représentées ?
Carine Braun-Héneault se questionne sur cette sous-représentation dans un article sur La place des femmes dans l’industrie numérique [1]. Selon elle, la différence se révèlerait lors des choix d’orientations, influencés par l’environnement social et familial, selon lequel le numérique est associé à un univers masculin, et où finalement peu de femmes enseignent.
Les compétences liées au numérique sont souvent associées à des compétences techniques s’adressant uniquement aux hommes. Or comme il est souligné dans cet article, le numérique est un domaine ne nécessitant aucune capacité physique en particulier, donc les femmes étant par nature égales à l’homme, ne devrait pas être freinées à poursuivre dans ce domaine-là. Toutefois, elles doivent faire preuve de ténacité et de détermination pour faire face à ces stéréotypes et continuer dans cette voie.
Une autre barrière serait que nous manquons de modèles féminins dans le domaine de la tech. Pourtant l’histoire du numérique a été ponctuée par des personnages féminins notables.
Telle que Ada Lovelace (1815-1852), qui est considérée comme la première programmeuse de l’histoire, pour son travail sur la machine analytique de Charles Babbage et ses écrits sur l’utilisation des ordinateurs, outre les calculs mathématiques. Joan Clarke (1917-1996), mathématicienne et cryptographe, qui a travaillé aux côtés d’Alan Turing dans le décryptage de la machine Enigma, utilisées par les forces allemandes pendant la 2nde Guerre mondiale. Ou encore Hedy Lamarr (1914-2000), actrice et inventrice autrichienne qui a co-inventé une technique de transmission de signaux radio, utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle est considérée comme un précurseur de la technologie Bluetooth et Wi-Fi.
Quant à aujourd’hui de nombreuses femmes continuent de marquer le monde de la technologie et de l’innovation. Par exemple, Mira Murati, CTO d’OpenAI, à l’origine de ChatGPT, ce modèle de langage conversationnel, qui depuis quelques mois maintenant est un sujet qui passionne autant qu’il intrigue.
Comment inverser la tendance ?
Pour lutter contre ces idées reçues et biais inconscients, de nombreuses initiatives ont été mises en place.
Par exemple, la Fondation Femmes@Numérique , organisation française créée en 2017 qui vise à encourager la participation des femmes dans le secteur du numérique. Elle promeut l’égalité des genres dans ce domaine en organisant des événements de sensibilisation, en finançant des projets éducatifs et professionnels et en encourageant la création de réseaux de femmes dans le numérique.
Ellesbougent , une association française créée en 2005, encourage les femmes à s’orienter vers des carrières scientifiques et techniques, notamment dans les domaines de l’ingénierie, de l’industrie et des technologies de l’information. Elle souhaite susciter des vocations grâce à des événements pour sensibiliser les jeunes femmes aux opportunités offertes par ces secteurs et pour les aider à accéder à des formations et des emplois liés à ce domaine.
Des programmes de formation sont également disponibles et exclusivement réservés aux femmes, comme « SAS Hackeuse », qui est dispensé gratuitement par le biais de l’antenne du Grand Est de l’école Simplon.co. Cette initiation de 6 semaines est une remise à niveau en code, l’objectif étant d’atteindre à terme la parité dans le secteur du numérique. Deux collaboratrices parmi Actinvision ont d’ailleurs bénéficié de ce programme d’initiation. A l’échelle de l’entreprise, nous continuons de prôner l’égalité des chances et l’équité dans ce domaine.
Conclusion
Malgré une évolution qui stagne, de nombreuses initiatives, à plus ou moins grande échelle, sont mises en place pour inverser la tendance. De nombreuses femmes ont contribué à écrire l’histoire du numérique et d’autres continueront de nous inspirer, donc profitons de cette journée de sensibilisation, comme du reste de l’année, pour continuer à faire évoluer la prise de conscience.
[1] Braun-Héneault Carine. La place des femmes dans l’industrie numérique. In: Diplômées, n°268-269, 2019. Cultures numériques. pp. 76-88.
